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Orange : la pénurie de médecins revient au cœur des débats du conseil municipal - Le Dauphiné - 9 décembre 2019

Le conseil municipal de ce lundi matin s’est ouvert par un long débat autour de la santé et du nombre de médecins. Des échanges musclés sur fond de campagne électorale…

 

Les conseils se suivent et les sujets se ressemblent. Pour la dernière séance de l’année, sur fond de campagne électorale, les élus sont longuement revenus sur la pénurie de médecins. Un débat qui avait déjà animé le précédent conseil municipal, quant au nombre de généralistes installés sur Orange.

 

Point d’accord trouvé sur les chiffres et encore moins dans la délibération présentée en ouverture sur la vente de deux biens communaux destinés à la création de cabinets médicaux et paramédicaux. « Dans un contexte de démographie médicale fragilisée, la commune souhaite se saisir de la question de l’accès aux soins de sa population et de l’avenir de l’offre sur son territoire », a indiqué le maire Jacques Bompard.

 

Ajoutant que les médecins cherchent aujourd’hui à pouvoir exercer de manière regroupée, via des structures de santé mutualisées et pluridisciplinaires. Un pôle de santé a déjà vu le jour il y a une poignée d’années, sur la route de Camaret. Un autre est en projet aux Verrières, dans le même secteur.

 

Parmi les six élus de l’opposition, tous engagés dans des listes pour les municipales, certains relèveront une forme d’opportunisme dans cette délibération…

 

Des points de vue divergents chez les élus de l’opposition

 

« Ce dossier, c’est de la communication comme l’ensemble de ce conseil. Cette demi-prise de conscience est trop tardive », a jugé Christine Badinier, en lice sur la liste écolo-citoyenne “Ma couleur, c’est Orange”. Fabienne Haloui, PC, tête de liste “Décidons Orange”, est allée plus loin en assénant : « Monsieur le maire, vous êtes en train de prendre conscience que vous pouvez perdre les élections en mars prochain car vous avez perdu pied sur ce sujet.

 

Notre ville va devenir un désert médical, si rien n’est fait », a-t-elle lancé. Tout étant favorable à la vente de deux biens communaux, Fabienne Haloui a estimé que ce dossier ne pouvait être que complémentaire à celui d’un centre de santé. Accusée par le maire de vouloir « socialiser la santé », elle s’en est défendue.

 

« Lorsque les initiatives libérales font défaut, l’initiative publique est indispensable. Vous vous opposez, majorité comme opposition, au projet que nous portons par idéologie au mépris de l’urgence sanitaire ». Sa colistière socialiste rappellera d’ailleurs que des aides, autant à l’investissement qu’au fonctionnement, peuvent être mobilisées pour un centre de santé.

 

Un projet auquel ne croit pas Gilles Laroyenne, candidat sur la liste “Le printemps pour Orange”. En rappelant les principes fondateurs de la Sécurité sociale, il estime qu’il est bon « de laisser aux organismes dédiés à la santé, notamment l’ARS (agence régionale de santé), le soin d’organiser la santé sur le territoire. Ils sont administrativement compétents pour cela et ils gèrent les ressources des cotisants, déjà assez sollicités sur ce chapitre ». Anne-Marie Hautant estime quant à elle qu’un travail de coordination doit être intensifié avec le centre hospitalier.

 

« La solution est libérale mais pas dictatoriale »

 

Point par point, Jacques Bompard, le maire d’Orange, a répondu, d’abord en précisant que « cette pénurie des médecins est organisée par l’État pour réduire soi-disant le déficit de la Sécurité sociale. Si bien qu’aujourd’hui, on compense par de la médecine internationale.

 

La solution ? Ce n’est pas une médecine socialisée avec le centre de santé. La solution est libérale mais pas dictatoriale », a avancé Jacques Bompard, estimant que « le salariat décourage les médecins de s’installer et les aides de l’ARS dévolues au démarrage sont temporaires ».

 

Concernant le centre hospitalier, « oui, je préside le conseil de surveillance mais ce n’est pas une surveillance d’autorité. Mais je suis très engagé pour soutenir cette structure », a glissé le maire avant de revenir sur la bataille des chiffres. « La commune compte 52 docteurs en activité, il y a donc un médecin généraliste pour 575 habitants et Orange compte 23 médecins de ville ».

 

Le débat était clos lorsque Yannick Cuer, colistière “Orange avenir”, a fait remarquer que le projet de création de cabinets médicaux « n’était qu’un transfert d’activités ». Et alors que le maire lançait, quarante minutes après l’examen de la première délibération, la deuxième, Fabienne Haloui est revenue à la charge pour demander la publication des noms de tous les médecins généralistes à Orange. Le maire a alors suspendu la séance pour faire revenir le calme…

 

Deux projets de création de cabinets médicaux et paramédicaux

 

La municipalité a été sollicitée par deux professionnels de santé. Un médecin-généraliste souhaite acquérir l’immeuble communal du 274, avenue de l’Arc de triomphe, afin de développer une structure de santé mutualisée destinée à accueillir trois cabinets de médecins généralistes.

 

Au 18, avenue Henri-Fabre, un kinésithérapeute souhaite acquérir cet immeuble communal pour installer un cabinet de kinésithérapie pour quatre praticiens, associé à un cabinet d’orthophonie (et aménager sa résidence principale sur le même site à l’étage). Le service France Domaine sera sollicité afin d’évaluer la valeur des biens. Une nouvelle délibération précisera les conditions de la vente et le prix.

 

54 600 € pour les fouilles archéologiques du Lampourdier

 

Depuis 2009, des programmes de recherches archéologiques sont mis en place sur le site de la colline du Lampourdier, actuellement propriété des carrières Lafarge. Les traces d’un grand camp militaire romain ont d’abord été identifiées. Les programmes suivants ont ensuite permis de mettre à jour des milliers d’objets antiques.

 

« Les recherches ont révélé de nombreux travaux militaires romains d’aménagement du terrain, en particulier les emplacements de quatre camps romains », a expliqué Jacques Bompard, à la lecture de la délibération. Pour poursuivre les investigations en partenariat avec les services de l’État et l’association 2ASM, en charge des recherches, la commune a fait voter la subvention de 54 600 € à l’association.

 

« Jusqu’à maintenant, l’État portait ces recherches, mais maintenant, l’association est en panne de subvention et nous appelle au secours. Si on nous avait sollicité avant, on l’aurait fait avant », a glissé Jacques Bompard.

 

De leur côté, les élus d’opposition ont profité de cette délibération pour revenir sur le projet de musée. « J’ai retrouvé votre document de campagne de 2014 où vous promettiez la réalisation d’un musée. Mais, il n’y a rien. Ni le bassin de rétention, ni le musée que vous vouliez installer sur le terrain de Fourchesvieilles. On ne voit rien venir », a avancé Fabienne Haloui, rejointe par Christine Badinier, qui trouve également qu’il « manque un musée pour exposer les découvertes », et par Régine Pellegrin, qui regrette « qu’il n’y ait pas de structures à la hauteur du patrimoine orangeois ».

 

Jacques Bompard leur a répondu que le musée et le bassin de rétention « allaient se faire ». « L’État devrait financer à hauteur de 40 %. Le site de Fourchesvieilles permettra de faire voir le cimetière romain, nous y travaillons avec les Monuments historiques », a-t-il précisé.

 

Le panneau de l’espace Verdi bientôt enlevé

 

La délibération portant sur le bilan de concertation du projet de révision du règlement local de publicité a donné l’occasion à Gilles Laroyenne de demander à ce que soit retiré des grilles de l’esplanade Verdi « votre panneau. Vous pourriez également enlever votre panneau lumineux qui ne sert à rien accroché au Palais des princes ».

 

Yannick Cuer s’est montrée dubitative sur le niveau de concertation : « A la première réunion, il y avait 5 personnes, à la seconde, 15. Pour moi, la concertation n’a pas eu lieu. Je reste sur ma faim ».

 

À l’issue des six mois de procédure, une enquête publique sera lancée. Et dès que le document sera approuvé, un délai de six ans sera accordé pour une mise en conformité. Le maire a précisé qu’il avait l’intention d’enlever ce fameux panneau, rappelant qu’il avait toujours été opposé à cet espace Claudius.

 

« Je l’ai sur le cœur, d’autant qu’on nous a refusé l’espace aquatique parce que soi-disant il ne s’intégrait pas dans le site… Oui, on va retirer ce panneau, d’autant que les volets en bois vont être enlevés et qu’on sera sollicité pour donner notre avis. Et pour les réunions publiques, les gens viennent ou pas, on ne va pas aller les faire chercher par l’armée, quand même ! ».

 

Majorité vs opposition : un combat de mots…

 

Les conseils municipaux orangeois sont connus pour être animés. Et si celui-ci n’était pas particulièrement plus tendu qu’un autre, quelques délibérations ont mis le feu aux poudres entre la majorité et l’opposition. À la suite d’un article écrit par l’élue aux affaires scolaires, Marcelle Arsac, dans le bulletin municipal, l’élue d’opposition, Fabienne Haloui, a déposé plainte pour diffamation.

 

L’article portait sur la pétition lancée par l’élue communiste pour la mise en place d’un repas de substitution sans viande. Le maire, directeur de la publication, et Marcelle Arsac ont demandé la protection fonctionnelle au conseil. La commune prendra donc en charge les frais d’avocats.

 

« J’ai été diffamée et salie par cet article et moi, je n’ai pas l’habitude de régler mes différends politiques sur le compte du contribuable », a-t-elle lancé.

 

Première pique, poussant Gilles Laroyenne à revenir sur les réflexions sexistes entendues au conseil. « Notre assemblée est beaucoup plus appropriée pour parler des porcs, non pas dans nos assiettes, mais de ceux qui harcèlent les femmes. » « Mais ça n’a rien à voir… », a rétorqué l’élue Danièle Garnavaux, reprise de volée par Fabienne Haloui : « Vous avez vu comment s’est comporté le fils du maire avec moi ? Ses réflexions sur mon physique, ça ne vous choque pas ? »

 

Plus tard, c’est entre Christine Badinier et Marie-Thérèse Galmard que le ton est monté concernant la subvention donnée au CCAS. L’élue aux affaires sociales, et vice-présidente du CCAS, n’a pas trouvé pertinente l’intervention de l’élue d’opposition. « Vous ne comprenez rien, vous avez un cerveau qui ne marche pas… » L’élue d’opposition attendra la délibération suivante pour répondre : « Votre convention au service de médecine préventive est très bien, mais est-ce qu’on sera protégé face au harcèlement et aux abus de pouvoir ? »

 

Ambiance.